En attendant Godot de Samuel Beckett est une pièce puissante. L’ayant vu plusieurs fois, dans des mises en scènes encombrantes, rendant le texte inaudible, je suis allée voir la reprise de cette pièce par Cécile Duval au théâtre Clan Destino (Paris XXème). Il y a plus d’un an, elle m’avait fait entendre les résonnances juives du texte. Mais cette fois-ci, ce qui ressortait, était l’amitié complexe entre Vladimir et Estragon, magnifiquement interprétée par Romuald Duval et l’acteur argentin, Facundo Falabella, touchants dans cette mosaïque d’eux-mêmes cherchant des réponses, et la dimension sociale de la pièce, la relation perverse entre un Pozzo, Diego Stirman, allégorie du possédant, et Lucky, son serviteur, Bruno Jouhet, dont le jeu de scène tout en retenue et l’unique monologue, quand Pozzo lui intime l’ordre de penser, et où il tente de donner une forme à sa pensée jusqu’à l’éructation et au bug final, étaient bouleversants. Et comment un nouveau casting transforme la pièce. Et quel texte, quel texte, celui qui fait avancer le théâtre. Pour la première fois, j’ai entendu Godot comme l’auteur s’absentant, s’effaçant derrière ses avatars. Et c’était fort.
décors de raùl cortes castaneda
cécile duval et son travail