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à la poursuite du banc rouge

J’ai passé le nez à La Vitrine, où s’exposaient quelques œuvres des étudiants de l’Académie des Beaux Arts de Nürnberg. Et comme parfois, une œuvre a fait mouche, celle de Bert Löschner. (voir aussi trois-quart dos).

Il y a du « suivez-moi, jeune homme » dans ce ruban accroche-cœur, qui matelasse d’abord sur une banquette, façon Chesterfield en velours cramoisi, qui se prolonge sur le sol, se rétrécit dans la trappe à lettres, en ressort sur la rue, s’allonge sur le trottoir, foulé aux pieds par les passants indifférents, se glisse ensuite sous un scooter pour disparaître sous la voiture garée devant la Galerie La Vitrine. Du romantique à l’aguicheur, puis souterrain et refoulé, le désir touche, turlupine, interloque dans ce déambulé improvisé de l’œuvre.

Bert Löschner crée un chassé-croisé entre une installation au style ampoulé, velours et matelassage, exposé dans un espace de l’art, estampillé comme tel, la galerie, et la même œuvre se transformant dans la rue ordinaire, comme s’il nous contait en une fugue comment l’art a quitté les salons bourgeois pour se fondre dans l’espace public, insoupçonné, mais bien présent.

Quelque chose comme une histoire de l’art en débandade, coupant toute communication derrière lui : la trappe à lettres a perdu sa fonction, personne pour oser poster un quelconque message à l’art officiel. Personne non plus pour donner sa place à un spectateur, qui s’y perd, en quête du bout du bout, et qui, ce faisant, prend justement conscience que le regard de l’art n’est pas une posture, mais un cheminement, à l’image de l’œuvre itinérante.

La boucle est bouclée quand on arrive sur la place, à quelques mètres de la rue Moret, et qu’on aperçoit quatre quidam nonchalamment assis sur un banc rouge, autre installation de Bert Löschner. Je me suis approchée, ai demandé si le banc était confortable. « Il est plus confortable à l’œil, si vous voyez ce que je veux dire », m’a dit Yanaël et, sitôt m’avoir transmis sa critique artistique, il s’est levé, a encouragé ses amis à quitter le banc, pour que je puisse prendre en photo le banc rouge et cartonné, si confortable à l’œil du Canon.

De la banquette au banc, un raccourci d’histoire de l’art.



cet article a été publié sur anthropia # blog en avril 2011

visitez ma tente / fisimatenten
œuvre de bert löschner
projet occupez l’espace public
la vitrine, 24 rue moret, paris
une rencontre entre l’akademie der bildenden künste nürnberg et l’école nationale supérieure d’arts de paris-cergy
remerciements à prof. simone decker et ses étudiants
crédit photo christine simon


Pour découvrir les initiatives du prof. simone decker à l’académie des beaux arts de nürnberg, un catalogue a été réalisé sur un projet de ses étudiants à l’occasion de la commémoration des 1050 ans de la ville de kirchheim. Le projet s’appelle tecktopisch et travaille sur les phénomènes cachés ou inconnus des structures historiques et archéologiques de la ville.

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 2 janvier 2014 et dernière modification le dimanche 3 décembre 2017
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