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journal du bleu, ou était-ce argenté ?

Ils sont deux côté à côte, le père et le fils.Je suis la première à entrer. Je dérange, non je ne dérange pas, ils sourient, « enfin pas seuls ».

C’est de la même façon que lui qu’elle nous présente les choses dans l’ordre de nos perceptions, au lieu de les expliquer d’abord par leur cause. Proust à propos de Madame de Sévigné. [1]

Ecrirai dans l’ordre de mes perceptions, j’aime l’idée, plein l’oreille, plein les yeux, des odeurs, une chaleur, qu’est-ce que j’ai ressenti d’abord quand j’ai poussé la porte, qu’elle résistait, qu’elle semblait scotchée, un peu, et puis la douceur de la poignée, de cet alu brossé, qu’on sent légèrement râpeux, et puis monter la marche en même temps, double consigne, vous ouvrirez la porte et vous monterez la marche en même temps.

Et voilà la jeune fille au turban bleu

Gilberte, tout devant. [2]

Dans mes slides, tu ne verras jamais que du bleu, me dit-il, comme si c’était là la plus belle chose du monde.

80% des Occidentaux préfèrent le bleu. Etait-ce 80% ou moins que le chromatologue disait ? Est-ce lui qui avait raconté ou l’a-t-elle lu quelque part qu’un oiseau bleu d’Australie collectionne les objets bleus, les bouchons, les pinces à linge, les petits morceaux de ficelle, tout ce qu’il peut récupérer en bleu. Puis il les sème un à un le long d’un chemin qui mène à la belle, à laquelle il fait la cour. Quand il construit le nid, il compose une teinture et d’un petit morceau de bois trempé dans l’eau teintée par les pigments de fleurs, il peint son nid couleur azur. Ce doit être lui, toutes mes histoires de couleur, je les tiens de lui.

Et puis cette sublime phrase de Proust dans le train :

le plaisir que j’éprouvais à regarder le store bleu et à sentir que ma bouche était à demi ouverte commença enfin à diminuer. [3]

Le cognac ou la bière ? Qu’est-ce qu’il a choisi finalement pour jouir à petits feux, n’oublions pas cette scène, c’est celle de l’abandon chez la fée Absinthe ou une autre, y en a tant, pour rester dans le bleu, curaçao. On devrait dire « jouir », d’un grand souffle d’un coup, et moi je diphtongue, doit-on le faire, a-t-on perdu le tréma du i ?

L’article jouissance dans l’Encyclopédie Diderot et d’Alembert. Je jure que je cherchais juste à savoir pourquoi ça diphtonguait. Comme disait mon fils à son copain, petit, « Page 1810 », c’était la référence à la page du dictionnaire où il y avait un certain mot qu’il ne fallait pas prononcer, et tous deux de rigoler en se tapant les côtes.

Chez Universalis, on fricote, on fricate, on fricative, le j jouit.

On appelle fricatives (ou constrictives, ou continues avec friction) les consonnes dont l’articulation comprend le passage de l’air dans un canal resserré, ce qui produit à l’écoute une impression de frottement ou de friction. Ce resserrement se produit aux différents points d’articulation possibles, des lèvres au voile du palais. On distingue ainsi selon leur point d’articulation les bilabiales sourde [Q] (en japonais : fuji) et sonore [β) (en espagnol : favor), les labiodentales sourde [f] et sonore [v] (en français : fin et vin), les dentales sourde [O](en anglais : thin) et sonore [ ) (en anglais : this), les sifflantes sourde [s] et sonore [z] (en français : son et zone), les chuintantes sourde [f] et sonore [ž] (en français : chat et jeu), les palatales sourde [ç] (en allemand : ich) et sonore [j]

Souvenir de mes cours à un Japonais, la folie, lui expliquer la différence de prononciation entre fou, fut et fui. Je n’ai reçu de sa part que postillons. Fuji !

Au restaurant chez l’ami japonais, Ken répond : ils sont restée à Fukushima, ils n’en ont pas bougé, pas une fois, on ne les a jamais évacués. Ils ont eu le dosimètre trois semaines après. On n’ose pas en parler avec mon père, ses parents, c’est écrit Fukushima sur leur carte d’identité, ça peut pas être plus près. Et moi, quand j’étais à Tokyo, je n’ai pas fait le voyage. Et eux qui ne veulent pas bouger, c’est chez eux, ils ont toujours habité là.

C’était dit en mettant les fourchettes dans l’assiette, en desservant, comme ça, en passant.

Ai tenté un essai, sur pourquoi je lisais #Proust [4]. Ça n’allait pas, je l’ai zappé presque tout de suite. Essai/Erreur, je tente une nouvelle approche.
Mais je n’ai pas la vision d’ensemble, donc je ne peux faire que des retours arrière, pas de salto avant.

Et tiens, en passant, le Quarto dans lequel je le lis.

QUARTO
(Librairie) un livre in-quarto est celui dont la feuille est pliée en quatre.

QUARTO, s. m. (Comm.) que l’on appelle plus ordinairement quartaut, petite futaille qui fait le quart d’un muid, d’une queue, ou de quelqu’autre semblable tonneau. Voyez QUARTAUT.

QUARTO, en termes de comptes & de teneur de livres, signifie quatre ou quatrieme, mais il ne se dit que précedé du mot folio. Cet article est porté au grand livre, folio quarto, c’est-à-dire au quatrieme feuillet. Dictionn. de Comm.

Dans l’ordre des perceptions, un festival.

Les reflets argentés qu’avaient les boutons en métal de sa tunique ne laissèrent pas de me charmer.

Toujours Proust.

Ses tempes avec de fines stries, et puis sur le visage, peau arrière foncée, peau avant rouge, des restes de pelage, pelure, pelote, pelée, un quarteron pas tout à fait blanc, un oubli des Pygmées, ceux qui pigmentent la peau, j’imagine comment ils doivent travailler la veille de l’accouchement. Il a dû avoir un coup de soleil à la neige, qui a pelé. Mon fils est né en janvier et il neigeait comme ça, tout était blanc. J’aime la « nége ».

Il se met à parler de gestion patrimoniale, de ce prof illuminé et illuminant, que je connaissais aussi pour l’avoir interviewé lors d’une mission, souvenir d’un homme placardisé dans un ministère, mais tellement génial que je n’avais quitté son bureau qu’au bout de quatre heures, je ne décollais plus, alors parler de lui ça nous avait rapproché, un soir à l’hôtel, où on n’avait qu’à se raconter des choses qui ne troublent pas, pour ne pas réveiller quoi, la gestion patrimoniale, cette thèse merveilleuse, de gens, qui comme avant la Révolution française, géraient de conserve les terres, sur lesquelles ils vivaient.

On se mettrait ensemble autour des quartiers et on se dirait tout ce qu’il y a à se dire et à faire pour que le quartier change. Ça va de pair bien sûr avec la norme 14001, on n’a jamais rien fait d’aussi jouissif, la 14001.

Ce soir, un monsieur m’a appelé, vous n’êtes pas venue, pour la gestion de quartier. C’était dit gentiment. Je ne sais plus ce que j’ai répondu. Depuis que je lis Proust.

La même clarté tiède et dormante qui faisait la sieste dans les clairières

Proust, encore lui,

le reflet du soleil sur le parquet de bois à travers le vitrail

J’ai quelque chose comme ça, une photo de chat près du piano, qui joue avec les ombres des battants de fenêtre dans la lumière plus vive du soleil.

A jamais, me dit cet homme, rangeant ses petites étiquettes auto-payantes. Il m’a regardé, un sourire, j’ai souri, jour de dégel, les hommes sourient aux femmes.

Et puis, voilà qu’à l’ombre des jeunes filles en fleur, à Balbec, ou presque, on est dans le train, Proust, est-il encore aviné en cette fin d’après-midi, cite à nouveau Mme de Sévigné, cette lettre où apparaît le clair de lune, laquelle est-ce, il la cite, puis tout à coup met en italique, la partie en noir et blanc du message, mais de quoi parle-t-elle :

Mais déjà cet après-midi-là, dans ce wagon, en relisant la lettre où apparaît le clair de lune : « je ne pus résister à la tentation, je mets toutes mes coiffes et casaques qui n’étaient pas nécessaires, je vais dans ce mail dont l’air est bon comme celui de ma chambre ; je trousse mille coquecigrues, des moines blancs et noirs, plusieurs religieuses grises et blanches, du linge jeté par-ci par-là, des hommes ensevelis tout droits contre des arbres, etc. », je fus ravi par ce que j’eusse appelé un peu plus tard (ne peint-elle pas les paysages de la même façon que lui, les caractères ?)

Le côté Dostoïevski des Lettres de Madame de Sévigné. Peut-être bien le côté rabelaisien.

Dans mon wiktionnaire, à l’entrée Chimère, illusion, je retrouve la lettre du clair de lune de Mme de Sévigné, datée du 12 juin 1680.

Je ne pus résister à la tentation ; je mets mon infanterie sur pied ; je mets tous les bonnets, coiffes et casaques qui n’étaient point nécessaires ; je vais dans ce mail, dont l’air est comme celui de ma chambre ; je trouve mille coquecigrues, des moines blancs et noirs, plusieurs religieuses grises et blanches, du linge jeté par-ci, par-là, des hommes noirs, d’autres ensevelis tout droits contre des arbres, de petits hommes cachés, qui ne montraient que la tête, des prêtres qui n’osaient approcher. — (Madame de Sévigné, Lettres, 12 juin 1680)

Ils ont tout mis en italique, eux. Et Proust a tronqué, il a jeté à la trappe,« les prêtres à la trappe, les petits hommes cachés » aussi. Enfin peut-être que c’est une erreur de mon wiktionnaire.

Le lendemain, m’aperçois que là où Mme de Sévigné « trouve » mille coquecigrues, Proust, la citant, les« trousse ». Et ça c’est vraiment coquin.

La coquecigrue serait née de l’union d’un coq, d’une grue et de la ciguë, dont elle est d’ailleurs friande (certains lexicologues optent pour cigogne plutôt que pour ciguë, s’agissant de l’origine de l’élément-ci.

Bleu, ou peut-être était-ce argenté.

[1II. A l’ombre des jeunes filles en fleur, A la recherche du temps perdu. Marcel Proust

[2II. A l’ombre des jeunes filles en fleur, A la recherche du temps perdu. Marcel Proust

[3II. A l’ombre des jeunes filles en fleur, A la recherche du temps perdu. Marcel Proust

[4depuis fin octobre 2012

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 16 septembre 2014 et dernière modification le lundi 14 mars 2016
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