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sur la respiration et le rythme

« Comme nous l’avons fait dans notre livre L’Eau et les Rêves, où nous avons isolé les thèmes de l’eau violente, nous donnons quelques documents sur l’Air violent, sur les Vents courroucés. Mais à notre grand étonnement, malgré des lectures assez abondantes et variées, nous n’avons pas trouvé des documents poétiques bien nombreux. Il semble qu’une poétique de la tempête qui, au fond, une poétique de la colère, demande des formes plus animalisées que celles des nuages poussés par l’ouragan. La violence reste donc un caractère qui s’attache mal à une psychologie aérienne.

Le dynamisme aérien est plus volontiers un dynamisme du souffle doux. Puisque nous avions pris presque tous nos documents chez les poètes, nous avons voulu revenir, dans notre dernier chapitre, sur le problème de l’inspiration poétique. Nous avons donc laissé de côté tous les problèmes du souffle réel, toute la psychologie de la respiration qu’une psychologie de l’air devrait naturellement envisager. Nous sommes donc resté dans le domaine de l’imagination. Même en ce qui concerne la prosodie, nous n’avons pas tenté d’en parler sur le mode scientifique. Les pénétrantes recherches de Pius Servien ont, dans ce domaine précis, assez clairement montré les rapports de variation du souffle et du style. Nous avons donc cru pouvoir nous placer à un point de vue résolument métaphorique, et dans des pages intitulées la déclamation muette, nous avons essayé de montrer l’animation que reçoit l’être quand il se soumet corps et âme aux dominantes de l’imagination aérienne. »

la déclaration muette (extrait)


« La respiration est le berceau du rythme »
(cité par K. Kippenberg, dans son livre sur Rilke, p. 219)

I

« Sous sa forme simple, naturelle, primitive, loin de toute ambition esthétique et de toute métaphysique, la poésie est une joie du souffle, l’évident bonheur de respirer. Le souffle poétique, avant d’être une métaphore, est une réalité qu’on pourrait trouver dans la vie du poème si l’on voulait suivre les leçons de l’imagination matérielle aérienne. Et si l’on donnait plus d’attention à l’exubérance poétique, à toutes les formes du bonheur de parler, doucement, rapidement, en criant, en murmurant, en psalmodiant... on découvrirait une incroyable pluralité des souffles poétiques. Aussi bien dans la force que dans la douceur, aussi bien dans la colère poétique que dans la tendresse poétique, on verrait en action une économie dirigée des souffles, une administration heureuse de l’air parlant. Telles sont du moins les poésies qui respirent bien, tels sont du moins les poèmes qui sont de beaux schèmes dynamiques de respiration.

Il est des mots qui, à peine prononcés, à peine murmurés, apaisent en nous des tumultes. Quand il sait les unir dans leur vérité aérienne, le poème est parfois un merveilleux calmant. Le vers âpre et héroïque sait garder aussi une réserve de souffle. Il donne à la voix brève qui commande une durée vibrante, à l’excès de force il donne la continuité. Un air tonique, une matière de courage coule à flots dans le poème. Toute poésie lue en silence, comme nous le suggérerons dans un instant — est sous la dépendance de cette économie primitive des souffles. Les types imaginaires les plus divers, qu’ils appartiennent à l’air, à l’eau, au feu, à la terre, dès qu’ils passent de la rêverie au poème, viennent participer à une imagination aérienne par une sorte de nécessité instrumentale. L’homme est un « tuyau sonore ». L’homme est un « roseau pensant ». »

gaston bachelard
l’air et les songes
le Livre de poche
biblio essais

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 17 septembre 2014 et dernière modification le vendredi 17 octobre 2014
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