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la Grande Négation

On ne l’avait pas vu arriver. Le signe avant-coureur avait existé, mais sous des jours prometteurs. Comment aurait-on pressenti que sous un feu d’artifice se préparait La Grande Négation.

On aurait dû deviner, l’échappée du chien n’annonçait rien de, puis ce fut cet homme saoul qui brandit son couteau, le front d’une femme pour en recevoir le don de sang, mais on pouvait encore croire au hasard, pas son œil visé au clair de lune.

Au loin n’apparaissait qu’une nuée gris anthracite, des lettres debout sur ces chars à voile, des centaines qui montaient le long de la plage, pas d’obscurs crabes qui auraient dévoré le sable de leurs pinces en mouvement, mais s’approchaient des Buchstabe de plomb et le roulis des chars, on allait envahir mais sans donner le nom.

A la table là-haut, c’était un estaminet où on se parlait de loin, un ami cassa avec un autre ami, son anti-ami, disait-on là-bas, ils avaient accompli leur trajectoire, disait-on là-bas, et on devait s’y résigner, comme ça que s’achève le voisinage, disait-on là-bas, on n’avait pas encore le mot pour écrire.

Dans les massifs hercyniens de ce côté du monde, on venait creuser les statues de ces femmes à gros seins, aux formes girondes, qu’à les embrasser on épousait le vif, on goûtait l’amer et on jouissait du creuset, mais sans le dire, enfoncé dans la grande forêt de sapins noirs, on aurait pu jurer qu’on en ignorait tout. Mais qui pour le croire.

Les orphelins allaient tristes, les mendiants allaient chantant, la femme blessée pansait sa cicatrice, tout aurait pu rentrer dans l’ordre.

Mais l’ordre lui-même n’était plus d’actualité, dans ces couches souterraines, sur ces immeubles en promesse, l’ordre n’était plus que ville confuse, perspectives emmêlées, flèches absentes à elles-mêmes, l’ordre avait déserté. On l’a su trop tard, sans doute pour ça que.

Elle n’avait ni odeur, ni couleur, La Grande Négation. Quand on la cherchait dans le dictionnaire, sa définition était à la lettre manquante, la lettre perdue, on chuchotait que celle-ci avait existé, certains avançaient pour preuve qu’elle avait un piétement à sa barre au sol, d’autres lui reconnaissaient une belle boucle, qui doublait les jours de grand vent. Mais en fait, pas de lettre, pas de négation, -comment l’aurais-je pu si je n’étais point né-, l’étouffement.

Les pieds trébuchaient en file, on aurait voulu se précipiter, mais on ne faisait que la queue, plus on avançait, plus on savait qu’à cet espace du vide face à soi ne tenait que La Grande Négation, exclue sans le dire, tous ces manquements que les hommes infligent aux continents, qu’elle plus grande que tous les bruits du monde, qu’elle plus forte que les bombes, elle, présente de l’absence.

Alors, on construisit un Néon, son sillon se voyait depuis la lune, on l’établit sur des milliers de kilomètres à la frontière, la nuit éternelle fut décrétée pour que la traînée de lumière jaune puisse se voir depuis Saturne, on n’avait toujours pas nommé, des pénitents murmuraient, les artistes criaient, la terre n’était plus peuplée que de ça, des pénitents et des artistes, mais en contrebas, dans le canyon invisible, rugissait une cascade, une lionne qui se voulait la voix du monde ; à certaines heures, on aurait pu croire qu’elle se lamentait, mais à d’autres on disait d’elle qu’elle était le dernier mot, celui de la fin.

Seul un homme avait osé descendre le sentier qui s’effilochait en grès et en schistes argileux, il glissait sur les sédiments, il pensait qu’il pourrait, mais plus il descendait plus la source parleuse s’enfonçait dans les roches, et on vit très longtemps ce corps déraper, les bras et les jambes cherchant un équilibre, on le vit très longtemps, très longtemps.

Bracelets d’albâtre, la ligne continue, ses crochets qui s’agrippent aux roues du lourd moteur, échappée du ruban, il fouette dans l’air, flashs, pointes de sons, fondu au.

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 3 août 2017 et dernière modification le vendredi 7 juin 2019
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