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l’allemagne sans coïncidences

L’Allemagne sans coïncidences

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« Und jetzt surfen »

Und jetzt surfen. L’Allemagne est une forêt parsemée de clairières urbaines, en tout cas l’Allemagne du Sud, forêts sombres à perte de vue, c’est-à-dire l’unique forêt qui prolifère sur les reliefs montagneux engendrant contes et légendes méphistophéliques. Ici vit Adrien Leverkühn, sans coïncidences possibles, attendant sa tentation au bout du pont.

Hagen, le 12 octobre 2019

 [2]


« Ich erinnere mich »

Ich erinnere miche. D’un Joe Brainard. Tous les livres sont ici, ne plus repartir. L’Allemagne danse sur ses vieux quartiers. En compagnie de Greta et de sa fille. Berlin n’ostracise pas, ne condamne pas, ne snobe pas. Berlin-île.

Prenzlauer Berg, le 13 octobre 2019

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« Die verlorene Strasse »

Die verlorene Strasse. La rue a été rasée, détruite pendant la guerre. Ne sais plus qui me l’a dit. Elle n’existe plus que sur une carte postale des années trente, au fond d’un carton. Indissolublement liée à une photo, un homme jeune joue du violon dans un appartement. Cet homme est mon grand-père, l’inconnu. Peut-être fait-elle partie du Nikolaiviertel, mais pas envie d’y passer, peur du cliché du refait neuf. Peut-être la chercher sur un plan d’avant-guerre.

Tucholskystrasse, le 14 octobre 2019

 [4]


« Die Mauer »

Die Mauer. On en trouve partout la trace, le souvenir, les restes, le symbole, ici. Ça tricote un inconscient de membre fantôme, un vide matérialisé par quelques délaissés dans le trop-plein construit. La dernière fois, pour aller en Tchécoslovaquie, j’avais dû faire la queue à Checkpoint Charlie, c’était avant 1989. Pour ça qu’habiter ces derniers jours dans un immeuble des années trente de l’ex-DDR a quelque chose de surréaliste.

Bernauerstrasse, le 15 octobre 2019

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« In der Nähe des Friedhofs »

In der Nähe des Friedhofs. Bertolt Brecht a vécu si près du cimetière qu’il pouvait voir de sa fenêtre le lieu où il serait enterré. Son nom gravé sur un rocher. Et celui d’Helene Weigel sur un autre plus petit, dans le même espace, mais séparé. Berliner Ensemble. La pierre tombale blanche de Christa Wolf, quelques cailloux posés sur le rebord. Hegel, Fichte, Marcuse. N’ai pas vu la tombe d’Anna Seghers. La septième croix, rien d’autre après.

Chausseestrasse, le 16 octobre 2019

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« Der Elephant im Raum »

Der Elephant im Raum. Joseph Beuys signale qu’il y a indices sous roche, même de gros indices, d’énormes indices. Mais la ville trace sa voie, persuadée de son avenir. Alors des femmes engagent la conversation, Ramaya, la femme-chamane rencontrée dans la rue ou cette jeune étudiante russe, Anastasia, prononcer zi-a, ou Greta l’autrice-hôtesse, elles creusent Berlin de sillons de paroles pour l’irriguer, ne pas gâcher la ville, ne pas la laisser se perdre dans l’architecture vide, dans cette modernité de verre qu’on retrouve partout, une fuite en avant qui lui éviterait de penser sa situation singulière.

Kreuzberg, le 17 octobre 2019

[1itinéraire de hasard

[2en son centre

[3sur un vieux plan

[4délaissés

[5renoncements

[6les quartiers