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Aime penser aux parfums que vais offrir, trouve que ça remplace sans inconvénient le chocolat pour les très proches auxquels on les offre, toujours une prise de risques, on pense à ceux frelatés qu’on sent dans l’ascenseur et qui font éternuer au bout d’une seconde, ça a pu parfois m’indisposer à tel point que jpréférais passer mon tour plutôt que sentir ces odeurs toxiques.

Dans les flacons actuels il s’en trouve très peu pour me convenir, mon nez aime les effluves japonaises, la senteur du lilas ou du muguet peut-être, de l’algue subtile, de ces arômes qu’on ne trouve qu’à l’extrême, -je ne parle pas du musc d’un homme, là, parce que ça constitue une autre fenêtre dans mon cerveau, la reconnaissance d’une masculinité, c’est très particulier, un univers qui s’installe presque aussitôt, on s’y sent chez soi, c’est comme ça que je rencontre, par l’odorat, à un mètre ça le fait- je parle d’une intimité de soi à soi, et à l’autre quand on le laisse s’approcher et vous humer, le mien me vient d’Issey Miyaké, on ne se refait pas, heureux qui comme Ulysse « vient » faire un beau voyage, léger comme un gant, sans contrarier les fragances naturelles, les habillant d’un voile de soie, je m’y love, je m’y introduis autant qu’il m’introduit, la parfaite conjonction de deux eaux, c’est ça le miracle d’avoir trouvé son essence.

Et bien sûr comme à mon habitude dans ces pages, je vais consulter mon Encyclopédie, Ô Pédie, que je n’ose qualifier, elle fait tellement surprise à chacun de ses détours, faisons ce va-et-vient.

Tout d’abord, il faut savoir que « Parfum » a dix entrées possibles chez Diderot et d’Alembert, toutes disponibles, je ne veux pas laisser à votre imagination le soin de les entreprendre, on y parle composition de parfums avec Jaucourt, littérature chez le même, critique sacrée (me viennent des textes d’Hugo (« un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle ») et du Cantique des Cantiques pour ce poème mystérieux qui symbolise pour moi LA lettre d’amour (« Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe, Qui repose entre mes seins. »), tout à trac, et je ne sais pourquoi cette scène mythique de David reluquant Bethsabée dans son bain sur une terrasse de toit, juste pour la beauté de cette photo d’attente de la lettre, peut-être parce qu’on y respire à distance ces onguents qu’elle dépose sur sa peau avant la grande scène), un sibyllin NA en Parfum XXX, et puis quelque chose autour de Tireurs d’or, c’est tout pour les substantifs, on trouve aussi l’adjectif « parfumé », le verbe « parfumer », un transitif, et puis ce « Parfumer un vaisseau » commenté par Le Blond, une Marine, sans oublier les s.m. « Parfumeur » et « Parfumoir », de beaux objets sans doute. Entrons dans le texte.

PARFUM, s. m. (Composition de parfums.) la plûpart des parfums se font avec le musc, l’ambre gris, la civette, le bois de rose & de cedre, l’iris, la fleur d’orange, la rose, le jasmin, la jonquille, la tubéreuse, & autres fleurs odorantes. On y fait encore entrer le storax, l’encens, le benjoin, le girofle, le macis, & autres semblables drogues, que l’on nomme communément des aromates.

Quelle richesse, quelle profusion, et ce storax dans lequel on aimerait se perdre, et ce benjoin qui réunit en soi le souvenir de toutes les belles poésies, mais en fait il faut trier, c’est cela que m’a appris la vie, j’aime m’en tenir à une composition florale unique, la musique d’un jeu d’orgue rare. Poursuivons.

Autrefois les parfums où entroient le musc, l’ambre gris, & la civette, étoient recherchés en France, mais ils sont tombés de mode, depuis que nos nerfs sont devenus plus délicats. Parfum se prend souvent pour les corps mêmes d’où s’exhalent les parfums ; en ce sens, les meilleurs parfums se tirent d’orient, & des pays chauds. (D. J.).

De mes contes des mille et une nuits j’ai gardé qu’on peut longtemps supporter l’attente, point de peur du musc, de l’ambre gris ET de la civette, bien que nos nerfs soient un peu délicats, avec la chaleur et le rose aux joues, ce « se tirent d’orient » indique bien la position à prendre. Voilà donc pour la composition, passons à la littérature à présent.

Parfum, (Littérat.) les anciens regardoient les parfums non - seulement comme un hommage qu’on devoit aux dieux, mais encore comme un signe de leur présence. Les dieux, suivant la théologie des Poëtes, ne se manifestoient jamais sans annoncer leur apparition par une odeur d’ambroisie. Aussi [p. 941] Hyppolite expirant, & entendant une voix qui lui parloit (c’étoit la voix de Diane sa protectrice), s’écrie dans Euripide, « ô divine odeur ! car j’ai senti, déesse immortelle, que c’étoit vous qui me parliez.

Tout est dit, l’émissaire s’annonce par lettre d’ambroisie « que c’étoit vous qui me parliez », la force du poète dont les mots pénètrent, et elle sera pénétrée en retour « par ce signe de leur présence ».

Toujours dans le sacré.

Enfin, les Hébreux aimoient tellement les parfums, que c’étoit pour eux une grande mortification de s’en abstenir, & qu’ils ne s’en privoient que dans des tems de calamités. Il paroît par l’Ecriture, que les hommes & les femmes en usoient indifféremment. Les parfums qu’ils employoient pour embaumer leurs morts d’un rang eminent, étoient apparemment composés des mêmes drogues que ceux des Egyptiens, dont les Hébreux avoient pris l’usage des embaumemens. L’usage des parfums pour les morts, fit naître aux vivars l’idée de les employer pour la sensualité. Les femmes chez les Hébreux les prodiguoient sur elles en tems de noces ; c’est ainsi que se conduisit Ruth pour plaire à Boz, & Judith pour captiver les bonnes graces d’Holopherne.

On le voit la mort n’est pas loin, la grande bien sûr, n’est-elle pas toujours à l’horizon, mais en attendant la petite aussi, « les femmes chez les Hébreux les prodiguoient sur elles en tems de noces », c’était une promesse de Ruth à Boz dont on sait par Hugo qu’il a su faire très vite avec son endormissement.

De la partie pharmaceutique, on ne retiendra que ce « On en peut faire de pareils pour remplir d’autres indications, pour provoquer la salivation, &c. », toujours penser à la salivation, elle dure parfois longtemps, mais combien le repas est généreux à celui qui sait l’attendre.

Alors bien sûr ces fameux « tireurs d’or »,

Parfum, (Tireurs d’or.) on nomme de la sorte une composition de divers ingrédiens, dont quelques tireurs d’or & d’argent se servent pour donner le fumage au fil d’argent, afin de le faire passer pour fil d’or, ou fil surdoré ; le parfum est défendu par les réglemens.

Ce sain rappel du règlement, ne pas prendre le faux or pour argent comptant. On ne le prendra pas, non parce qu’il est défendu, mais parce qu’on n’y pense pas, pas de place pour autre dans la grande tirade, il n’y en a qu’une. Car c’est du parfumé qu’on détient ce qu’on a de bon :

PARFUMÉ, adj. terme qui se dit des choses qui ont reçu l’impression de quelque parfum, comme des gants parfumés, des peaux parfumées.

Une sorte de marquage, je retiens.

Et à ce stade de l’échange, je vais me garder « Parfumer », « Parfumer un vaisseau » et suivants, parce que ces jeux-là je les conserve comme une poire pour la soif, une Marine avec son Le Blond, des pratiques d’objets qui font tout un programme, avec le Parfumeur, si disert qu’il en devient pluriel, mon parfumeur.

Dans ma bouteille, j’ai le goût de tous les synonymes, aromate, arôme, eau, effluve, émanation, essence, fragrance, odeur, onguent, relent, senteur et même substance aromatique, car je me sens apprêtée avec mon

PARFUMOIR, s. m., « C’est un petit coffre de bois garni à son entrée d’une grille qui soutient en l’air ce qu’on veut parfumer. Au bas de ce coffre est une petite ouverture, par laquelle on passe une chauffrette pleine de feu, où l’on met brûler les pastilles.

Mots-clés

fruit , parfum

écrit ou proposé par Christine Simon
BY-NC-SA (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
première mise en ligne le 16 septembre 2014 et dernière modification le lundi 14 mars 2016
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